Coup de coeur de la semaine, que ce film japonais sans prétention (sinon celui de briser un tabou dans son pays) à la beauté retenue et à l'émotion sublime. Oscar du Meilleur film étranger, il ferait passer Slumdog Millionaire pour un épisode grotesque et sans finesse d'une série télé sur la misère d'enfants indiens.
Parce que ce que nous raconte avec tant de subtilité et de pudeur Departures est loin d'être un sujet léger: la mort elle-même, que le Japon refuse de voir et d'admettre, et surtout, d'accepter comme métier. C'est pourtant le choix, difficile, que fait Daigo Kobayashi, violoncelliste au passé familial douloureux, quand l'orchestre dans lequel il jouait se retrouve dissous. Contraint de se retirer en province dans l'ancienne maison familiale et de trouver un travail pour subvenir aux besoins de sa femme et de lui, il répond à une annonce filoute d'aide au voyage. Pour l'au-delà, bien sûr. On suit donc, avec beaucoup de finesse, l'itinéraire intérieur de ce musicien qui découvre dans l'embaumement et la mise en bière un autre art, une autre célébration de la vie. Paradoxalement, il retrouve le goût de jouer et se mêlent alors, dans des séquences pas forcément très originales sur la forme, mais très efficace sur le plan émotionnel, la vie et la mort, la musique et le travail de croque-mort, la reconnaissance, le retour des souvenirs et le pardon. Evidemment, cela ne se fait pas sans crise: s'occuper des morts se révèle être un métier très respectueux et attentionné, reposant sur un rituel scrupuleux visant à redonner son ultime beauté à un corps qui sera livré aux flammes; mais c'est un métier qui n'est pas du goût de la majorité. Impureté et déshonneur sont des termes assez forts pour isoler Daigo. Mais la vie continue et reprend ses droits.
Sur la forme, cependant, on pourra être déçu. On aurait pu s'attendre à plus d'audaces visuelles, mais le sujet doit être en lui-même suffisamment subversif et audacieux pour se passer de partis pris cinématographiques radicaux. De belles idées, toutefois, des moments de grâces qui n'évitent pas pour autant le pathos facile, mais qui, parce que le Japon est un pays de tradition peu expansive, n'en semblent pas moins téméraires. Il s'agit de remettre les choses dans leur contexte. On pourra trouver le jeu des acteurs par moment un peu excessif, mais ce décalage doit servir à dédramatiser la situation. Il s'en dégage une véritable poésie de la mort et une poétique du croque mort qui vaut bien celle d'un violoncelliste.
Une petite larme coulera forcément de votre oeil en voyant ce film à la douceur élégante.
Parce que ce que nous raconte avec tant de subtilité et de pudeur Departures est loin d'être un sujet léger: la mort elle-même, que le Japon refuse de voir et d'admettre, et surtout, d'accepter comme métier. C'est pourtant le choix, difficile, que fait Daigo Kobayashi, violoncelliste au passé familial douloureux, quand l'orchestre dans lequel il jouait se retrouve dissous. Contraint de se retirer en province dans l'ancienne maison familiale et de trouver un travail pour subvenir aux besoins de sa femme et de lui, il répond à une annonce filoute d'aide au voyage. Pour l'au-delà, bien sûr. On suit donc, avec beaucoup de finesse, l'itinéraire intérieur de ce musicien qui découvre dans l'embaumement et la mise en bière un autre art, une autre célébration de la vie. Paradoxalement, il retrouve le goût de jouer et se mêlent alors, dans des séquences pas forcément très originales sur la forme, mais très efficace sur le plan émotionnel, la vie et la mort, la musique et le travail de croque-mort, la reconnaissance, le retour des souvenirs et le pardon. Evidemment, cela ne se fait pas sans crise: s'occuper des morts se révèle être un métier très respectueux et attentionné, reposant sur un rituel scrupuleux visant à redonner son ultime beauté à un corps qui sera livré aux flammes; mais c'est un métier qui n'est pas du goût de la majorité. Impureté et déshonneur sont des termes assez forts pour isoler Daigo. Mais la vie continue et reprend ses droits.
Sur la forme, cependant, on pourra être déçu. On aurait pu s'attendre à plus d'audaces visuelles, mais le sujet doit être en lui-même suffisamment subversif et audacieux pour se passer de partis pris cinématographiques radicaux. De belles idées, toutefois, des moments de grâces qui n'évitent pas pour autant le pathos facile, mais qui, parce que le Japon est un pays de tradition peu expansive, n'en semblent pas moins téméraires. Il s'agit de remettre les choses dans leur contexte. On pourra trouver le jeu des acteurs par moment un peu excessif, mais ce décalage doit servir à dédramatiser la situation. Il s'en dégage une véritable poésie de la mort et une poétique du croque mort qui vaut bien celle d'un violoncelliste.
Une petite larme coulera forcément de votre oeil en voyant ce film à la douceur élégante.