Alors que dans quelques semaines s’ouvriront les prochains jeux olympiques, les récents attentats survenus au Proche-Orient n’apparaissent pas comme un facteur d’apaisement dans le contexte déjà tendu des relations internationales, et il y a fort à parier que ce sera dans un climat hautement sécurisé que commenceront les premières épreuves.
Souvenons-nous : au printemps 2008, une situation similaire avait fortement troublé les Jeux Olympiques, à commencer par les mouvements de contestation parfois musclés des associations des Droits de l’Homme, lors du passage de la flamme olympique dans la plupart des pays concernés (notamment en France et au Japon où l’on comptait même des blessés). En mai, alors que certains fêtaient avec nostalgie les émeutes revendicatrices de 68, le séisme qui frappa la Chine eut pour conséquence de ralentir les derniers préparatifs des Jeux - tout en permettant malgré tout à la Chine d’écarter des médias les problèmes liés aux droits de l’homme. Bon gré mal gré, c’est dans une atmosphère de tension palpable et marquant tous les visages que se tinrent les épreuves, rythmées par les gestes symboliques, des supporters ou des athlètes eux-mêmes, en faveur des libertés des Chinois. D’ailleurs, il n’y a qu’à évoquer ces Jeux pour rappeler aux mémoires des images fortes, comme celles des coureurs à pied portant un brassard noir en signe de soutient aux victimes du régime, ou encore du maillot de la nageuse canadienne portant l’inscription : « I swim for Human rights ».
Néanmoins, c’est dans un calme relatif mais amer que se seraient terminés ces Jeux Olympiques si la prise d’otage, revendiquée dès le début des opérations par Al-Qaida, et menée par la branche armée islamiste jusqu’alors inconnue des Fidèles, n’avait mis fin tragiquement à l’évènement sportif, et ce de manière plus violente que lors de l’action de Septembre Noir aux J.O de Munich. Faisant fi de cette célébration des valeurs de respect et de contrôle de soi, censée signifier une trêve dans tous les conflits de la planète, Al-Qaida appuyait, par cette démonstration de puissance terroriste, sa volonté de ne pas laisser « l’Occident satanique réduire les musulmans du monde entier à l’état d’esclaves », d’après les mots même de Ben Laden lors de l’intervention télévisée qui suivie la prise d’otage. Inutile de rappeler que l’intervention des forces de l’ONU, sous l’égide des Etats-Unis, ne fit qu’empirer le bilan déjà élevé des pertes : cinquante trois otages, la plupart des athlètes européens, en plus des dix-huit terroristes, trouvèrent la mort lors de l’assaut final donné dans l’entrepôt où ils avaient trouvé refuge. La Chine, impuissante et encore affaiblie par les dégâts du séisme, eut la finesse de ne rien dire, D’ailleurs, la question des Droits de l’Homme, au lendemain du massacre, avait été efficacement oubliée.
L’année suivante n’oublia pas pour autant la mort de ceux qui allaient devenir dès lors les champions de la paix, ces athlètes qui avaient tenu jusqu’à la fin, dans un esprit de solidarité et d’entraide sportive, contre la brutalité des terroristes – lesquels, soulignons-le, avaient entrepris de décapiter en direct un otage par jour si les prisonniers de Guantanamo n’étaient pas libérés.
En réponse à cette insulte lancée à l’encontre des Etats-Unis, l’élection de Barak Obama à la présidence américaine marqua le retour à une politique moins interventionniste, politique qui commença notamment par le retrait, promis durant sa campagne, des troupes d’Irak. Malheureusement, la démocratie fragile qui succéda à l’occupation américaine permit aux partis radicaux islamistes chiites d’accéder au pouvoir. Ainsi, avec la dernière guerre libanaise et l’instauration officielle et, ô combien difficile et précaire, de l’ « Etat Palestinien », ce sont pas moins de quatre républiques islamiques qui contrôlent le peu de pétrole mondiale restant, sous l’égide de l’Iran, devenu officiellement au tournant de l’année 2011 une puissance nucléaire.
Malgré l’apaisement des tensions entre la Chine et la communauté internationale, le climat des tensions ne se présenta donc guère favorable à la relance économique. Et selon les estimations déjà très pessimistes, le choc pétrolier se révéla en effet plus grave en conséquences que celui de 1973. La pénurie d’or noir rendant les échanges internationaux critiques, les mesures ne concernèrent même plus les Etats, mais relevèrent directement des organismes internationaux, des unions, des alliances et des ONG (l’Union Européenne put ainsi rapidement mettre en application les clauses de son nouveau Traité), d’autant plus que la situation économique catastrophique se doubla d’une crise sanitaire majeure due en partie à une reprise du SIDA. Déjà touché par la guerre civile, le Darfour souffrit davantage de cette nouvelle épidémie, attirant sur lui le soutien des grandes puissances internationales, motivés la plupart du temps par la mobilisation des stars et des galas de soutien donnés aux quatre coins du globe pour obtenir des dons et des fonds d’aide aux victimes.
Ne noircissons pas pour autant le tableau. Nous avons certes fait des restrictions, et l’on peut dire que, malgré les critiques (notamment liées au pouvoir d’achat, au régime des retraites,…), le quinquennat de Nicolas Sarkozy, sans arrêter les problèmes latents et qui devinrent centraux en fin d’année 2010, eut au moins le mérité relatif de réussir à limiter les dommages à l’échelle nationale. Alors oui, il y eut des grèves, beaucoup de grèves, et il est évident que les sacrifices que nous faisons aujourd’hui dans notre vie quotidienne (les restrictions de carburants, les coupures d’électricité hebdomadaires, le covoiturages, etc…) risquent de durer encore longtemps - et d’après certains spécialistes, il y aurait même tendance à ce que la situation soit irréversible. Chacun de nous doit donc prendre conscience du pas franchi et de la nécessité d’économiser le moindre des biens de consommation. Et les récentes canicules nous rappellent que le problème climatique, loin d’être écarté, continue de s’ajouter aux autres crises que nous traversons.
Depuis, tandis que l’existence de chacun change chaque jour un peu plus dans ses habitudes (hier encore une mesure du gouvernement valorisait l’achat des cartes annuelles de transports en commun par une déduction du prix de la carte sur le relevé d’impôt), on en oublierait presque que, si l’on cherchait un début à la situation actuelle, on reverrait les dernières images, sanglantes et douloureuses, des derniers Jeux Olympiques.
A déjà quatre ans de la prise d’otage par les Fidèles d’Al-Qaida, c’est un nouvel attentat qui vient de remettre le destin des prochains Jeux Olympiques entre les mains de Paris - par ironie du sort, pourrait-on dire avec un mauvais esprit. Londres, après plusieurs années de travaux considérables pour accueillir les J.O, tout en cherchant à faire oublier les dramatiques évènements de 2008, s’est vu blessé en son cœur par l’attentat le plus meurtrier commis sur le sol britannique. Du coup, le CIO a annoncé l’annulation des jeux, non pas absolument, mais seulement au Royaume-Uni, compte tenu des dégâts irréparables subies par les infrastructures colossales bâties pour l’occasion. Cette décision, jugée par beaucoup comme cynique et de mauvais goût, laisse donc à Paris le bénéfice, sans mérite, d’organiser les jeux avec un délai de quelques mois accordés pour préparer des installations suffisantes à l’accueil des délégations étrangères. Pour sa défense, le CIO met en avant, « dans ce contexte de larmes et de morts, l’espoir de jouer et de faire briller le sport comme remède à la violence et à la colère des hommes […] afin, que dans une atmosphère de fair-play et de paix, chacun s’affronte loyalement et dans le respect de l’autre ». A côté de cette apologie du sport comme sublimation (utopique ?) des passions humaines, les victimes des attentats de Londres contestent avec rancœur : « Sport means oblivion » pouvait-on lire dans le Times du mois dernier. Silence des chefs d’Etat, silence du gouvernement français, aussi. Les gens que l’on interroge à ce propos répondent tous en des termes évasifs et crispés. Tous évitent le sujet, conscients de l’iniquité de cette décision et de celle, encore plus, de l’entente tacite du gouvernement français et de la ville de Paris à maintenir les jeux.
Quel que soit les pensées réelles de nos dirigeants, des hommes politiques ou des simples passants, personne ne semble prendre vraiment au sérieux cette affaire. Et le fait est là, le sport lui-même désintéresse le commun. Devenu un luxe décadent depuis quelques années, un symbole creux, il se vide de plus en plus d’un sens qu’il aurait fini par abandonner au profit de l’argent comme valeur unique. La violence dans les stades, la mauvaise concurrence, les contrats fallacieux, les scandales de dopage… autant de facteurs qui ont décrédibilisé le sport aux yeux d’un public de moins en moins concernés par les problèmes de vestiaires. Qui encore, aujourd’hui, prend le temps d’aller voir un match de foot en famille, ou de remplir les gradins de Roland Garros ? Qui suit avec passion le Tour de France, alors qu’il y a quatre ans encore, les routes parcourues étaient bordées de touristes passionnés ? Moins de voiture implique moins de déplacements et donc moins de trajets en vacances, et ce sont les supporters qui ont désormais pris la place des coureurs en enfourchant à leur tour leur vélo. Mais à part ça ces activités devenues nécessaires, qui prend la peine de s’adonner à une activité sportive ?
N’annonçons pas le mort du sport pour autant ; le sport n’a pas réussi son pari de transcender l’être humain, un point c’est tout. La violence innée à l’homme a fini par y reprendre ses droits, chez les supporters, sur le terrain. Devant un tel idéal perverti, inutile de s’étonner et de s’offusquer de décisions qui, finalement, ne relèvent plus que de quelques signatures avec des partenaires économiques et d’accord entre des lobbys tentant vainement de dresser l’étendard humaniste. L’amateur de sport, lui, a déjà délaissé ses anciens loisirs - après y avoir consacré de moins en moins de son temps déjà gangrené par les heures de travail supplémentaires - pour se consacrer à des activités moins oisives et qui sauront garantir de quoi vivre à sa famille.
Nous ignorons encore dans quelles conditions se tiendront les prochains J.O, et ce d’autant plus qu’Israël vient de perdre son meilleur espoir au 100 m dans l’attentat de Jérusalem Est il y a deux jours. Mais il y a peu de doute que l’évènement, malgré les campagnes de pub des sponsors et les interviews des athlètes, recevra un accueil mitigé de la part d’un public qui ne se rendra dans les stades qu’occasionnellement, peut-être en effet pour oublier ses tracas journaliers, y voir d’un air désabusé une course, un lancer de poids. Quels que soient les désirs des organisateurs des Jeux et les sportifs, lesquels conservent encore l’espoir de jouer, le sang a taché de manière indélébile les anneaux olympiques, depuis longtemps désunis. Pierre de Coubertin, avec regret, consent certainement à recevoir son enfant de l’autre côté du tombeau. Ne pleurons pas. Le monde est en changement ; le reste appartient à l’Histoire.
Souvenons-nous : au printemps 2008, une situation similaire avait fortement troublé les Jeux Olympiques, à commencer par les mouvements de contestation parfois musclés des associations des Droits de l’Homme, lors du passage de la flamme olympique dans la plupart des pays concernés (notamment en France et au Japon où l’on comptait même des blessés). En mai, alors que certains fêtaient avec nostalgie les émeutes revendicatrices de 68, le séisme qui frappa la Chine eut pour conséquence de ralentir les derniers préparatifs des Jeux - tout en permettant malgré tout à la Chine d’écarter des médias les problèmes liés aux droits de l’homme. Bon gré mal gré, c’est dans une atmosphère de tension palpable et marquant tous les visages que se tinrent les épreuves, rythmées par les gestes symboliques, des supporters ou des athlètes eux-mêmes, en faveur des libertés des Chinois. D’ailleurs, il n’y a qu’à évoquer ces Jeux pour rappeler aux mémoires des images fortes, comme celles des coureurs à pied portant un brassard noir en signe de soutient aux victimes du régime, ou encore du maillot de la nageuse canadienne portant l’inscription : « I swim for Human rights ».
Néanmoins, c’est dans un calme relatif mais amer que se seraient terminés ces Jeux Olympiques si la prise d’otage, revendiquée dès le début des opérations par Al-Qaida, et menée par la branche armée islamiste jusqu’alors inconnue des Fidèles, n’avait mis fin tragiquement à l’évènement sportif, et ce de manière plus violente que lors de l’action de Septembre Noir aux J.O de Munich. Faisant fi de cette célébration des valeurs de respect et de contrôle de soi, censée signifier une trêve dans tous les conflits de la planète, Al-Qaida appuyait, par cette démonstration de puissance terroriste, sa volonté de ne pas laisser « l’Occident satanique réduire les musulmans du monde entier à l’état d’esclaves », d’après les mots même de Ben Laden lors de l’intervention télévisée qui suivie la prise d’otage. Inutile de rappeler que l’intervention des forces de l’ONU, sous l’égide des Etats-Unis, ne fit qu’empirer le bilan déjà élevé des pertes : cinquante trois otages, la plupart des athlètes européens, en plus des dix-huit terroristes, trouvèrent la mort lors de l’assaut final donné dans l’entrepôt où ils avaient trouvé refuge. La Chine, impuissante et encore affaiblie par les dégâts du séisme, eut la finesse de ne rien dire, D’ailleurs, la question des Droits de l’Homme, au lendemain du massacre, avait été efficacement oubliée.
L’année suivante n’oublia pas pour autant la mort de ceux qui allaient devenir dès lors les champions de la paix, ces athlètes qui avaient tenu jusqu’à la fin, dans un esprit de solidarité et d’entraide sportive, contre la brutalité des terroristes – lesquels, soulignons-le, avaient entrepris de décapiter en direct un otage par jour si les prisonniers de Guantanamo n’étaient pas libérés.
En réponse à cette insulte lancée à l’encontre des Etats-Unis, l’élection de Barak Obama à la présidence américaine marqua le retour à une politique moins interventionniste, politique qui commença notamment par le retrait, promis durant sa campagne, des troupes d’Irak. Malheureusement, la démocratie fragile qui succéda à l’occupation américaine permit aux partis radicaux islamistes chiites d’accéder au pouvoir. Ainsi, avec la dernière guerre libanaise et l’instauration officielle et, ô combien difficile et précaire, de l’ « Etat Palestinien », ce sont pas moins de quatre républiques islamiques qui contrôlent le peu de pétrole mondiale restant, sous l’égide de l’Iran, devenu officiellement au tournant de l’année 2011 une puissance nucléaire.
Malgré l’apaisement des tensions entre la Chine et la communauté internationale, le climat des tensions ne se présenta donc guère favorable à la relance économique. Et selon les estimations déjà très pessimistes, le choc pétrolier se révéla en effet plus grave en conséquences que celui de 1973. La pénurie d’or noir rendant les échanges internationaux critiques, les mesures ne concernèrent même plus les Etats, mais relevèrent directement des organismes internationaux, des unions, des alliances et des ONG (l’Union Européenne put ainsi rapidement mettre en application les clauses de son nouveau Traité), d’autant plus que la situation économique catastrophique se doubla d’une crise sanitaire majeure due en partie à une reprise du SIDA. Déjà touché par la guerre civile, le Darfour souffrit davantage de cette nouvelle épidémie, attirant sur lui le soutien des grandes puissances internationales, motivés la plupart du temps par la mobilisation des stars et des galas de soutien donnés aux quatre coins du globe pour obtenir des dons et des fonds d’aide aux victimes.
Ne noircissons pas pour autant le tableau. Nous avons certes fait des restrictions, et l’on peut dire que, malgré les critiques (notamment liées au pouvoir d’achat, au régime des retraites,…), le quinquennat de Nicolas Sarkozy, sans arrêter les problèmes latents et qui devinrent centraux en fin d’année 2010, eut au moins le mérité relatif de réussir à limiter les dommages à l’échelle nationale. Alors oui, il y eut des grèves, beaucoup de grèves, et il est évident que les sacrifices que nous faisons aujourd’hui dans notre vie quotidienne (les restrictions de carburants, les coupures d’électricité hebdomadaires, le covoiturages, etc…) risquent de durer encore longtemps - et d’après certains spécialistes, il y aurait même tendance à ce que la situation soit irréversible. Chacun de nous doit donc prendre conscience du pas franchi et de la nécessité d’économiser le moindre des biens de consommation. Et les récentes canicules nous rappellent que le problème climatique, loin d’être écarté, continue de s’ajouter aux autres crises que nous traversons.
Depuis, tandis que l’existence de chacun change chaque jour un peu plus dans ses habitudes (hier encore une mesure du gouvernement valorisait l’achat des cartes annuelles de transports en commun par une déduction du prix de la carte sur le relevé d’impôt), on en oublierait presque que, si l’on cherchait un début à la situation actuelle, on reverrait les dernières images, sanglantes et douloureuses, des derniers Jeux Olympiques.
A déjà quatre ans de la prise d’otage par les Fidèles d’Al-Qaida, c’est un nouvel attentat qui vient de remettre le destin des prochains Jeux Olympiques entre les mains de Paris - par ironie du sort, pourrait-on dire avec un mauvais esprit. Londres, après plusieurs années de travaux considérables pour accueillir les J.O, tout en cherchant à faire oublier les dramatiques évènements de 2008, s’est vu blessé en son cœur par l’attentat le plus meurtrier commis sur le sol britannique. Du coup, le CIO a annoncé l’annulation des jeux, non pas absolument, mais seulement au Royaume-Uni, compte tenu des dégâts irréparables subies par les infrastructures colossales bâties pour l’occasion. Cette décision, jugée par beaucoup comme cynique et de mauvais goût, laisse donc à Paris le bénéfice, sans mérite, d’organiser les jeux avec un délai de quelques mois accordés pour préparer des installations suffisantes à l’accueil des délégations étrangères. Pour sa défense, le CIO met en avant, « dans ce contexte de larmes et de morts, l’espoir de jouer et de faire briller le sport comme remède à la violence et à la colère des hommes […] afin, que dans une atmosphère de fair-play et de paix, chacun s’affronte loyalement et dans le respect de l’autre ». A côté de cette apologie du sport comme sublimation (utopique ?) des passions humaines, les victimes des attentats de Londres contestent avec rancœur : « Sport means oblivion » pouvait-on lire dans le Times du mois dernier. Silence des chefs d’Etat, silence du gouvernement français, aussi. Les gens que l’on interroge à ce propos répondent tous en des termes évasifs et crispés. Tous évitent le sujet, conscients de l’iniquité de cette décision et de celle, encore plus, de l’entente tacite du gouvernement français et de la ville de Paris à maintenir les jeux.
Quel que soit les pensées réelles de nos dirigeants, des hommes politiques ou des simples passants, personne ne semble prendre vraiment au sérieux cette affaire. Et le fait est là, le sport lui-même désintéresse le commun. Devenu un luxe décadent depuis quelques années, un symbole creux, il se vide de plus en plus d’un sens qu’il aurait fini par abandonner au profit de l’argent comme valeur unique. La violence dans les stades, la mauvaise concurrence, les contrats fallacieux, les scandales de dopage… autant de facteurs qui ont décrédibilisé le sport aux yeux d’un public de moins en moins concernés par les problèmes de vestiaires. Qui encore, aujourd’hui, prend le temps d’aller voir un match de foot en famille, ou de remplir les gradins de Roland Garros ? Qui suit avec passion le Tour de France, alors qu’il y a quatre ans encore, les routes parcourues étaient bordées de touristes passionnés ? Moins de voiture implique moins de déplacements et donc moins de trajets en vacances, et ce sont les supporters qui ont désormais pris la place des coureurs en enfourchant à leur tour leur vélo. Mais à part ça ces activités devenues nécessaires, qui prend la peine de s’adonner à une activité sportive ?
N’annonçons pas le mort du sport pour autant ; le sport n’a pas réussi son pari de transcender l’être humain, un point c’est tout. La violence innée à l’homme a fini par y reprendre ses droits, chez les supporters, sur le terrain. Devant un tel idéal perverti, inutile de s’étonner et de s’offusquer de décisions qui, finalement, ne relèvent plus que de quelques signatures avec des partenaires économiques et d’accord entre des lobbys tentant vainement de dresser l’étendard humaniste. L’amateur de sport, lui, a déjà délaissé ses anciens loisirs - après y avoir consacré de moins en moins de son temps déjà gangrené par les heures de travail supplémentaires - pour se consacrer à des activités moins oisives et qui sauront garantir de quoi vivre à sa famille.
Nous ignorons encore dans quelles conditions se tiendront les prochains J.O, et ce d’autant plus qu’Israël vient de perdre son meilleur espoir au 100 m dans l’attentat de Jérusalem Est il y a deux jours. Mais il y a peu de doute que l’évènement, malgré les campagnes de pub des sponsors et les interviews des athlètes, recevra un accueil mitigé de la part d’un public qui ne se rendra dans les stades qu’occasionnellement, peut-être en effet pour oublier ses tracas journaliers, y voir d’un air désabusé une course, un lancer de poids. Quels que soient les désirs des organisateurs des Jeux et les sportifs, lesquels conservent encore l’espoir de jouer, le sang a taché de manière indélébile les anneaux olympiques, depuis longtemps désunis. Pierre de Coubertin, avec regret, consent certainement à recevoir son enfant de l’autre côté du tombeau. Ne pleurons pas. Le monde est en changement ; le reste appartient à l’Histoire.