par Ouroboros Sam 29 Nov - 21:21
Je reprend le débat un peu tard, mais au moment où il a été "clos", je n'étais pas encore sur ce forum. J'en profite pour remercier S. des informations proposées au début du sujet.
Vous abordez beaucoup la peine de mort du point de vue de l'individu exécute, vous posant la question de savoir s'il mérite ou non de mourir après les actes qu'il a commis. C'est certes intéressant, et nécessaire, mais on peut aussi se poser la question de savoir si, ses crimes méritant une peine extrêmement importante, la société peut se permettre de conserver en son sein un tel individu, même en le mettant à l'écart.
Concernant la question de savoir s'il mérite ou non de mourir, la question est assez complexe, et je ne saurais trancher (bon d'accord, mauvais jeu de mots). Je me permettrais tout de même de dire que certains crimes me paraissent impardonnables, et qu'un individu sain d'esprit ne peut pas mériter de continuer à vivre après les avoir commis en toute connaissance de cause (les crimes contre l'humanité, par exemple).
Concernant les crimes passionnels évoqués précédemment, ils sont commis sous le coup d'une très forte émotion, et on ne pourrait pas raisonnablement dire qu'ils ont été commis en toute connaissance de cause. Ils sont le tragique fruit d'un égarement passager, non celui d'une volonté longuement réfléchie et mûrie, et ne peuvent donc pas êtres punis au même niveau. Ils doivent cependant être punis avec la rigueur qui s'impose, car ils n'en restent pas moins des crimes.
Vient aussi, à mon sens, la question de savoir si la société doit garder en vie des individus qui se sont eux-mêmes mis hors de la société, en en bravant les règles les plus strictes (on pardonne plus facilement à un voleur à la sauvette, qu'à un tortionnaire-violeur-pédophile). Ils se sont écartés de la société, on peut donc considérer qu'ils n'en font plus partie. La société doit se protéger contre toute agression extérieure, et dispose dans ce cas de deux choix : soit elle laisse l'individu vivant, en l'emprisonnant pour une longue durée, l'écartant ainsi et avec lui le danger qu'il représente, soit elle le supprime, considérant qu'il s'est lui-même écarté d'elle, et qu'il lui est perdue, et supprime le danger qu'il représente.
La réponse la plus évidente sera sûrement "mais qu'on le supprime ou qu'on l'écarte, on se débarrasse du danger qu'il représente, non ?".
Certes, on écarte de nous le danger qu'il incarne, mais s'il a décidé de s'écarter de nous, pourquoi le forcer à rester dans notre société, qu'il a en quelques sortes reniée, en l'entretenant jusque sa mort aux frais de ceux qu'il a renié ? Pourquoi quelqu'un qui est perdu pour la société devrait rester en son sein ? Il est un criminel abject, il a nié la société à laquelle il appartenait dans le sang et la souillure, au nom de quoi, de qui, devrions-nous l'accepter chez nous ?
Difficile question. Pour ma part, je suis contre la peine de mort, mais je ne suis pas sûr de m'opposer en bloc à toute tentative de la considérer comme peine capitale française, si tant est qu'elle ne s'applique dans ce cas qu'à certains crimes, particulièrement les meurtres gratuits, la torture, les viols en série.