par Camille Mar 1 Juil - 21:59
Je poursuis. Quelques indications.
Trois détails que j'ai relevé:
* Avec le retour des morts sur terre ( idée du film The Death of Death) le monde est à l'envers; idée récurrente chez Romero, elle est matérialisée dans le décor de la chambre de Debra, sous la forme d'un globe inversé.
* Les zombies ne sont plus qu'un prétexte à Romero pour critiquer le monde. Tant et si bien que jamais jusqu'à Diary le zombie n'avait aussi bien incarné la métaphore de ce qui nous ronge. Dans le cas du film, les images (cf l'article de Fassgodard ).
Peut-être est-ce trop, d'ailleurs.
Est-ce que, finalement, Romero a encore besoin des zombies?
Une séquence, presque expérimentale, superpose images du monde entier ( et qui n'ont pas forcément de rapport avec les zombies mais sont tirése d'informations banales: émeutes, manifestations, scènes de paniques...) et gros plan de bouches. Consommateurs de médias, nous sommes des zombies, nous bouffons de l'info et de l'image sans penser.C'est d'ailleurs ce que précise Jason à un moment du film:
"Avant, c'était nous contre nous-même. Maintenant, c'est nous contre eux. Sauf que eux... c'est nous".
* Cependant, Romero reste fidèle à sa conception des zombies, et il en profite pour mettre un bon coup de pied dans le derrière des nouvelles réalisations qui font des morts vivants des enragés parkinsoniens et en manque de chait fraîche. Ses zombies sont lents ( pensons à l'acteur qui joue la momie et qui finit par l'être vraiment, avec le commentaire de Jason: " he ben, tu vas que les morts, ils ne courent pas!").
Les zombies restent avant tout des cadavres et il n'y a aucune explication de livrée. Les morts reviennent à la vie, on ne sait comment, et quelle que soit la mort. Et c'est bien cela le plus terrifiant, comme le précise un autre personnage au début du film:
" le problème, ce n'est pas qu'on puisse se réveiller mort, mais que les morts puissent se réveiller".
Enfin, Romero s'en sort avec brio en montrant bien que c'est un film et qu'un film manipule les spectateurs. Avec cette fiction d'un film-témoignage, de la voix-off de Debra et de ses digressions métaphysiques, Romero nous livre même un hors-cadre inédit: un instant de montage "en direct".
Face à une autorité déficiente ( religion, gouvernement, armée, professeurs et parents: pensons à la scène hautement psychanalytique du cannibalisme familiale, encore une récurrence chez Romero), le fanatisme audiovisuel devient une obsession du voir et de l'inaction. Le film reste ouvert, ce qui laisse très bien à Romero une marge de manoeuvre pour un numéro 2 ( ou 6), même si l'on espère qu'il trouvera une autre idée de critique sociale.
Tout cela est bien long, et ne vise aucunement une analyse objective et complète. Mais ce film d'horreur ( qui l'a été, en partie, pour moi, à cause d'une vf moyennement crédible) reste à voir, à comprendre et à apprécier, sous tous ses angles (et il y a même de l'humour).