Euthanasie: défigurée par une maladie incurable, une femme saisit la justice
Une mère de famille de 52 ans, Chantal Sébire, défigurée par une maladie incurable et douloureuse, demande à la justice le droit d'être euthanasiée par un médecin, une démarche qui constitue une première en France, "une requête exceptionnelle et légitime" selon son avocat, Me Gilles Antonowicz.
Le conseiller de Nicolas Sarkozy pour les questions de santé a contacté, à la demande du président, Chantal Sébire et lui a proposé qu'un "nouvel avis médical" soit donné par un collège de professionnels.
Selon David Martinon, porte-parole de l'Elysée, M. Sarkozy a demandé à son conseiller pour les questions de recherche et de santé, le professeur Arnold Munnich, chef de service à l'hôpital Necker, "d'entrer en contact" avec Mme Sébire.
"Mme Sébire a écrit au président de la République qui a été très touché par sa lettre. Le président a demandé au professeur Arnold Munnich d'entrer en contact avec elle", a indiqué jeudi M. Martinon, lors de son point de presse hebdomadaire.
Le Pr Munnich et Mme Sébire "se sont parlé un certain nombre de fois ces derniers temps. Le professeur a plus parlé en tant que médecin qu'en tant que conseiller du président. Il a proposé à Mme Sébire qu'un nouvel avis soit donné sur son cas par un collège de professionnels de la santé du plus haut niveau pour que l'on s'assure ensemble que toutes les ressources de la médecin sont épuisées. Ce qui reste à prouver", a ajouté M. Martinon.
Selon lui, "ce rendez-vous médical multi-disciplinaire aura lieu dans quelques jours si Mme Sébire en accepte le principe".
François Fillon a estimé jeudi sur RTL qu'il était difficile de répondre à la demande d'euthanasie de Chantal Sébire, car on est là "aux limites de ce que la société peut dire, de ce que la loi peut faire". "Il y a un texte qui a été voté par les parlementaires il y a deux ans, la loi Leonetti.
La demande au fond est faite au juge d'interpréter ce texte, on va voir ce que le juge va dire", a-t-il ajouté. La loi sur la fin de vie du 22 avril 2005 tend à instaurer un droit au "laisser mourir", sans permettre aux médecins de pratiquer une euthanasie active. "Si la justice répond négativement" à la demande de Chantal Sébire, "il reste la solution qui lui a été proposée qui est une solution qui de mon point de vue est acceptable", c'est-à-dire le placement dans le coma.
"La loi doit s'adapter aux cas particuliers", a estimé jeudi un médecin généraliste du Vaucluse, Bernard Senet, membre de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), laissant entendre qu'il serait prêt à aider Chantal Sébire à mourir. "Grâce à l'ADMD à laquelle j'appartiens depuis de nombreuses années, j'ai déjà aidé des gens dans des phases terminales", a déclaré le Dr Senet sur RTL.
La garde des Sceaux Rachida Dati s'est montrée jeudi hostile à un changement de la loi sur l'euthanasie en estimant que "la médecine n'est pas là pour administrer des substances létales". "Je considère que la médecine n'est pas là pour administrer des substances létales", a-t-elle affirmé sur France Inter. "Cette dame demande à la justice de pouvoir exonérer de la responsabilité pénale le médecin pour lui administrer une substance létale (...) Ce n'est pas notre droit et nous avons fondé notre droit et la convention européenne des droits de l'Homme sur le droit à la vie", a-t-elle ajouté.
Le président du tribunal de grande instance (TGI) de Dijon "a mis son jugement en délibéré à lundi prochain", a indiqué Me Antonowicz, qualifiant cette démarche de "première". Moins de deux semaines après avoir lancé un SOS dans les media pour "qu'on l'accompagne dignement dans la mort", et après avoir confié son dossier à l'Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD), Mme Sébire a saisi la justice d'une "demande exceptionnelle" d'euthanasie.
Cette ancienne professeur des écoles, domiciliée à Plombières-les-Dijon (Côte-d'Or) et mère de trois enfants, a appris en 2002 qu'elle était atteinte d'une "Esthesioneuroblastome", une tumeur évolutive des sinus et de la cavité nasale. Une maladie très rare - seuls 200 cas ont été recensés dans le monde depuis 20 ans -, incurable et dont l'évolution provoque une déformation spectaculaire et irréversible du visage et des souffrances "atroces", selon Mme Sébire.
Sa requête "est une première pour le monde judiciaire, mais nous ne demandons que l'application de la Loi, celle du 22 avril 2005 sur les droits des malades, dite loi Léonetti", a déclaré Me Antonowicz. Selon lui, cette loi, qui n'autorise pas l'euthanasie, "reconnait le droit aux malades en fin de vie de refuser tout traitement et le droit de soulager leurs souffrances, mais elle ne dit rien lorsque les malades refusent la solution proposée qui est le coma artificiel et la mort au bout de dix à quinze jours".
"Nous demandons simplement au magistrat de lui permettre de s'endormir dans l'affection des siens" et de faire ainsi preuve "d'humanité", a conclu Me Antonowicz. Dans sa requête Mme Sébire fait état de ses "souffrances intenses et permanentes", du "caractère incurable des maux dont elle est atteinte" et de son "refus de devoir supporter l'irréversible dégradation de son état".
Des raisons qui la conduisent à demander au président du TGI de Dijon d'"autoriser l'un de ses médecins à lui prescrire le traitement nécessaire pour lui permettre de terminer sa vie dans le respect de sa dignité".
Source : http://news.fr.msn.com/
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Une mère de famille de 52 ans, Chantal Sébire, défigurée par une maladie incurable et douloureuse, demande à la justice le droit d'être euthanasiée par un médecin, une démarche qui constitue une première en France, "une requête exceptionnelle et légitime" selon son avocat, Me Gilles Antonowicz.
Le conseiller de Nicolas Sarkozy pour les questions de santé a contacté, à la demande du président, Chantal Sébire et lui a proposé qu'un "nouvel avis médical" soit donné par un collège de professionnels.
Selon David Martinon, porte-parole de l'Elysée, M. Sarkozy a demandé à son conseiller pour les questions de recherche et de santé, le professeur Arnold Munnich, chef de service à l'hôpital Necker, "d'entrer en contact" avec Mme Sébire.
"Mme Sébire a écrit au président de la République qui a été très touché par sa lettre. Le président a demandé au professeur Arnold Munnich d'entrer en contact avec elle", a indiqué jeudi M. Martinon, lors de son point de presse hebdomadaire.
Le Pr Munnich et Mme Sébire "se sont parlé un certain nombre de fois ces derniers temps. Le professeur a plus parlé en tant que médecin qu'en tant que conseiller du président. Il a proposé à Mme Sébire qu'un nouvel avis soit donné sur son cas par un collège de professionnels de la santé du plus haut niveau pour que l'on s'assure ensemble que toutes les ressources de la médecin sont épuisées. Ce qui reste à prouver", a ajouté M. Martinon.
Selon lui, "ce rendez-vous médical multi-disciplinaire aura lieu dans quelques jours si Mme Sébire en accepte le principe".
François Fillon a estimé jeudi sur RTL qu'il était difficile de répondre à la demande d'euthanasie de Chantal Sébire, car on est là "aux limites de ce que la société peut dire, de ce que la loi peut faire". "Il y a un texte qui a été voté par les parlementaires il y a deux ans, la loi Leonetti.
La demande au fond est faite au juge d'interpréter ce texte, on va voir ce que le juge va dire", a-t-il ajouté. La loi sur la fin de vie du 22 avril 2005 tend à instaurer un droit au "laisser mourir", sans permettre aux médecins de pratiquer une euthanasie active. "Si la justice répond négativement" à la demande de Chantal Sébire, "il reste la solution qui lui a été proposée qui est une solution qui de mon point de vue est acceptable", c'est-à-dire le placement dans le coma.
"La loi doit s'adapter aux cas particuliers", a estimé jeudi un médecin généraliste du Vaucluse, Bernard Senet, membre de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), laissant entendre qu'il serait prêt à aider Chantal Sébire à mourir. "Grâce à l'ADMD à laquelle j'appartiens depuis de nombreuses années, j'ai déjà aidé des gens dans des phases terminales", a déclaré le Dr Senet sur RTL.
La garde des Sceaux Rachida Dati s'est montrée jeudi hostile à un changement de la loi sur l'euthanasie en estimant que "la médecine n'est pas là pour administrer des substances létales". "Je considère que la médecine n'est pas là pour administrer des substances létales", a-t-elle affirmé sur France Inter. "Cette dame demande à la justice de pouvoir exonérer de la responsabilité pénale le médecin pour lui administrer une substance létale (...) Ce n'est pas notre droit et nous avons fondé notre droit et la convention européenne des droits de l'Homme sur le droit à la vie", a-t-elle ajouté.
Le président du tribunal de grande instance (TGI) de Dijon "a mis son jugement en délibéré à lundi prochain", a indiqué Me Antonowicz, qualifiant cette démarche de "première". Moins de deux semaines après avoir lancé un SOS dans les media pour "qu'on l'accompagne dignement dans la mort", et après avoir confié son dossier à l'Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD), Mme Sébire a saisi la justice d'une "demande exceptionnelle" d'euthanasie.
Cette ancienne professeur des écoles, domiciliée à Plombières-les-Dijon (Côte-d'Or) et mère de trois enfants, a appris en 2002 qu'elle était atteinte d'une "Esthesioneuroblastome", une tumeur évolutive des sinus et de la cavité nasale. Une maladie très rare - seuls 200 cas ont été recensés dans le monde depuis 20 ans -, incurable et dont l'évolution provoque une déformation spectaculaire et irréversible du visage et des souffrances "atroces", selon Mme Sébire.
Sa requête "est une première pour le monde judiciaire, mais nous ne demandons que l'application de la Loi, celle du 22 avril 2005 sur les droits des malades, dite loi Léonetti", a déclaré Me Antonowicz. Selon lui, cette loi, qui n'autorise pas l'euthanasie, "reconnait le droit aux malades en fin de vie de refuser tout traitement et le droit de soulager leurs souffrances, mais elle ne dit rien lorsque les malades refusent la solution proposée qui est le coma artificiel et la mort au bout de dix à quinze jours".
"Nous demandons simplement au magistrat de lui permettre de s'endormir dans l'affection des siens" et de faire ainsi preuve "d'humanité", a conclu Me Antonowicz. Dans sa requête Mme Sébire fait état de ses "souffrances intenses et permanentes", du "caractère incurable des maux dont elle est atteinte" et de son "refus de devoir supporter l'irréversible dégradation de son état".
Des raisons qui la conduisent à demander au président du TGI de Dijon d'"autoriser l'un de ses médecins à lui prescrire le traitement nécessaire pour lui permettre de terminer sa vie dans le respect de sa dignité".
Source : http://news.fr.msn.com/