C'est en voyant le reportage de France 2 d'hier soir sur le satanisme (par rapport aux récentes profanations de sépulture dans la région de Perpignan), qu'il ma semblé nécessaire de rédiger ces quelques lignes.
Tout d'abord, même si le reportage est légitimé par le contexte, la superficialité du montage révèle des amalgames énormes, même si on peut reconnaitre que les journalistes ont su évoluer dans leur vocabulaire en parlant effectivement de black metal et non de musique satanique ou de rock-black-metal.
Par ailleurs, il faut éviter de classer tous les amateurs de black metal comme des dégénérés satanistes (et plus généralement les metalleux - il n'y a qu'à voir les conneries qu'on a pu lire et entendre lors de la victoire de Lordi à l'eurovision pour juger de l'ignorance abyssale dont font preuve les journalistes quand à ce style musical). Le reportage le rappelle justement, ce sont très souvent des enfants de familles moins que modeste, aisées et ayant une certaine culture littéraire et un niveau d'étude élevé. Ce ne sont donc pas des cancres. Bien au contraire, ce sont parfois des fils à papa très intelligentes qui se cachent derrière les grands noms de leur famille pour commettre des délits innommables en toute impunité.
Et ce ne sont pas des délits mineurs; hormis les profanations de cimetières et d'églises dont peuvent parler les médias, ce sont de meurtres rituels, dans le cadre de messes noires et de messes rouges, dont il s'agit, dont on ne parle jamais mais qui existent pourtant, et qui relèvent le plus d'enquêtes policières, lesquelles, hélas, n'aboutissent que rarement. Combien de corps démembrés, suppliciés, décapités selon des règles précises, de femmes et d'enfants, le plus souvent, d'adeptes malheureux, portant des traces de sévices internes et externes entrant dans un rite précis, retrouvent-on chaque année sans identifier leurs tortionnaires?
Le satanisme existe. C'est une réalite qui, comme une ombre, plane sur nous et s'empare des plus faibles, des plus fragiles, pour les mener, après une initiation ésotérique et malsaine, à passer à l'acte (nécrophilie, exhumation de cadavres, blasphème, viol, meurtre, torture, sacrifice d'animaux ou d'êtres humains, etc....). Je ne m'étendrais pas sur ce sujet; chacun peu faire ses recherches. Mais même ce qui peut paraître plaisant, source de rigolade macabre, y est lié. Un simple exemple: le site Rotten, que certains peuvent connaître, est financé à 90% par l'Eglise de Satan. Simple organisation, me direz-vous? Lisez la Bible de Satan et vous aurez un peu une idée des pensées misanthrope et nihilistes, auto-destructrices, que véhiculent le satanisme.
Le satanisme étant un fait, le metal en est un autre. En particulier le black metal. Ce sous-genre du metal est principalement issu du nord de l'europe, reposant tantôt sur la revendication de rites païens scandinaves, tantôt, et c'est le plus souvent le cas, sur une violence et une haine de tout comportement religieux, et principalement chrétien. Eglises incendiées, cimetières profanés; le lien entre la musique et les actes commis semble un raccourci évident.
Or il ne faut pas oublier que cela reste un courant qui, bien qu'il soit porteur d'une idéologie contestable voire condamnable, reste du niveau de l'expression musicale. Pour l'oreille néophyte, il est vrai que cela peut parraître une bouillie sonore, du bruit, des grognements,des hurlements insupportables, bref, de quoi énerver n'importe qui. La brutalité du genre ne peut pas, il est vrai, être rejetée; ni celle des textes qui sont généralement très explicites. Car plus qu'une musique, certaines groupes en font un outils de propagande. Mais le black, positivement, peut également être un défouloir, à condition bien sûr qu'on en profite modéremment. Ajouter à cela tout l'artifice scénique ( maquillage, cuir, clous et piques, lumières blafardes, symboles néo-nazis, croix renversées, soutanes détournées, artefacts paramilitaires), et vous avez en effet de quoi en effrayer plus d'un... et d'en fasciner d'autres. Mais pensons à Kiss; le black, ce n'est pas que du premier degré. Le glam en moins, mais l'impression de puissance tournée en dérision reste la même. Voyez le chanteur sur scène: un monstre. Mais il retrouve en coulisse sa femme et ses deux enfants, qu'il va emmener à center park après avoir appelé sa mère pour le repas du dimanche après la messe.
Condamner le black metal pour l'action isolée de groupuscules se revendiquant de telle ou telle mouvance serait douteux. Ce ne sont pas les groupes de black les plus connus, les plus exubérants, les plus spectaculaires, qu'il faut blâmer. Ce sont bien ceux qui, underground, véhiculent dans des sphères très fermées des idées et préparent des actions illégales et criminelles.
Et puis il arrive que ceux-ci ne restent pas impunis. Je citerais pour exemple le groupe Gorgoroth ( comme la plaine du Mordor, oui, tout un programme) qui, à l'issu d'un concert il y a quatre ans, a vu deux de ses membres se faire arrêter pour sévices sexuels et actes de barbarie. Sans commentaire... d'autant plus que le concert en lui-même fit l'objet d'un procès, mettant en scène des têtes d'agneaux empalées et reproduisant des crucifixions avec des gens du public nus et coiffés de sacs en plastique. Certains penseront également aux mises en scène de Marilyn Manson. Oui, même s'il bénéficie d'une aura médiatique et d'un talent certain, les liens qui l'unissent à l'Eglise de Satan sont indéniables. Et pourtant, ce qu'il fait n'est pas considéré comme du black metal.
N'oublions pas que le black est une musique (si, si) et que, comme le rappelait Jacky Cordonnier, membre de la mission d'étude, de vigilance, de lutte et de prévention contre les dérives sectaires ( homme admirable et pédagogue que j'ai eu l'honneur de rencontrer à deux reprises), il faut distinguer ce qui est du niveau de la musique, du pur divertissement ( avec tous le second degré dont le black n'est pas exempt), et ce qui relève en effet d'un danger potentiel, mais qui, le plus souvent, n'est jamais accessible directement dans les bacs - et fait même l'objet de pression économique et légale.
La France est vigilante, et l'annonce officielle lancée par les parlementaires de reconnaître les mouvements satanistes et d'engager une enquête pour estimer leur présence sur le territoire et le danger qu'ils représentent, témoigne en effet d'une reconnaissance de cette menace, bien réelle. Du reste, le metal ne tue pas encore, et l'on peut écouter du black sans être inquiété de dérive sataniste. Evidemment, il appartient à chacun de faire la part des choses et de laisser à la musique ce qui lui appartient, tout en n'oubliant pas de veiller au sens des textes véhiculés dans un genre qui n'est effectivement pas si accessible que ça, mais qui recèle des trésors d'ambiance et de virtuosité instrumentale.
Tout d'abord, même si le reportage est légitimé par le contexte, la superficialité du montage révèle des amalgames énormes, même si on peut reconnaitre que les journalistes ont su évoluer dans leur vocabulaire en parlant effectivement de black metal et non de musique satanique ou de rock-black-metal.
Par ailleurs, il faut éviter de classer tous les amateurs de black metal comme des dégénérés satanistes (et plus généralement les metalleux - il n'y a qu'à voir les conneries qu'on a pu lire et entendre lors de la victoire de Lordi à l'eurovision pour juger de l'ignorance abyssale dont font preuve les journalistes quand à ce style musical). Le reportage le rappelle justement, ce sont très souvent des enfants de familles moins que modeste, aisées et ayant une certaine culture littéraire et un niveau d'étude élevé. Ce ne sont donc pas des cancres. Bien au contraire, ce sont parfois des fils à papa très intelligentes qui se cachent derrière les grands noms de leur famille pour commettre des délits innommables en toute impunité.
Et ce ne sont pas des délits mineurs; hormis les profanations de cimetières et d'églises dont peuvent parler les médias, ce sont de meurtres rituels, dans le cadre de messes noires et de messes rouges, dont il s'agit, dont on ne parle jamais mais qui existent pourtant, et qui relèvent le plus d'enquêtes policières, lesquelles, hélas, n'aboutissent que rarement. Combien de corps démembrés, suppliciés, décapités selon des règles précises, de femmes et d'enfants, le plus souvent, d'adeptes malheureux, portant des traces de sévices internes et externes entrant dans un rite précis, retrouvent-on chaque année sans identifier leurs tortionnaires?
Le satanisme existe. C'est une réalite qui, comme une ombre, plane sur nous et s'empare des plus faibles, des plus fragiles, pour les mener, après une initiation ésotérique et malsaine, à passer à l'acte (nécrophilie, exhumation de cadavres, blasphème, viol, meurtre, torture, sacrifice d'animaux ou d'êtres humains, etc....). Je ne m'étendrais pas sur ce sujet; chacun peu faire ses recherches. Mais même ce qui peut paraître plaisant, source de rigolade macabre, y est lié. Un simple exemple: le site Rotten, que certains peuvent connaître, est financé à 90% par l'Eglise de Satan. Simple organisation, me direz-vous? Lisez la Bible de Satan et vous aurez un peu une idée des pensées misanthrope et nihilistes, auto-destructrices, que véhiculent le satanisme.
Le satanisme étant un fait, le metal en est un autre. En particulier le black metal. Ce sous-genre du metal est principalement issu du nord de l'europe, reposant tantôt sur la revendication de rites païens scandinaves, tantôt, et c'est le plus souvent le cas, sur une violence et une haine de tout comportement religieux, et principalement chrétien. Eglises incendiées, cimetières profanés; le lien entre la musique et les actes commis semble un raccourci évident.
Or il ne faut pas oublier que cela reste un courant qui, bien qu'il soit porteur d'une idéologie contestable voire condamnable, reste du niveau de l'expression musicale. Pour l'oreille néophyte, il est vrai que cela peut parraître une bouillie sonore, du bruit, des grognements,des hurlements insupportables, bref, de quoi énerver n'importe qui. La brutalité du genre ne peut pas, il est vrai, être rejetée; ni celle des textes qui sont généralement très explicites. Car plus qu'une musique, certaines groupes en font un outils de propagande. Mais le black, positivement, peut également être un défouloir, à condition bien sûr qu'on en profite modéremment. Ajouter à cela tout l'artifice scénique ( maquillage, cuir, clous et piques, lumières blafardes, symboles néo-nazis, croix renversées, soutanes détournées, artefacts paramilitaires), et vous avez en effet de quoi en effrayer plus d'un... et d'en fasciner d'autres. Mais pensons à Kiss; le black, ce n'est pas que du premier degré. Le glam en moins, mais l'impression de puissance tournée en dérision reste la même. Voyez le chanteur sur scène: un monstre. Mais il retrouve en coulisse sa femme et ses deux enfants, qu'il va emmener à center park après avoir appelé sa mère pour le repas du dimanche après la messe.
Condamner le black metal pour l'action isolée de groupuscules se revendiquant de telle ou telle mouvance serait douteux. Ce ne sont pas les groupes de black les plus connus, les plus exubérants, les plus spectaculaires, qu'il faut blâmer. Ce sont bien ceux qui, underground, véhiculent dans des sphères très fermées des idées et préparent des actions illégales et criminelles.
Et puis il arrive que ceux-ci ne restent pas impunis. Je citerais pour exemple le groupe Gorgoroth ( comme la plaine du Mordor, oui, tout un programme) qui, à l'issu d'un concert il y a quatre ans, a vu deux de ses membres se faire arrêter pour sévices sexuels et actes de barbarie. Sans commentaire... d'autant plus que le concert en lui-même fit l'objet d'un procès, mettant en scène des têtes d'agneaux empalées et reproduisant des crucifixions avec des gens du public nus et coiffés de sacs en plastique. Certains penseront également aux mises en scène de Marilyn Manson. Oui, même s'il bénéficie d'une aura médiatique et d'un talent certain, les liens qui l'unissent à l'Eglise de Satan sont indéniables. Et pourtant, ce qu'il fait n'est pas considéré comme du black metal.
N'oublions pas que le black est une musique (si, si) et que, comme le rappelait Jacky Cordonnier, membre de la mission d'étude, de vigilance, de lutte et de prévention contre les dérives sectaires ( homme admirable et pédagogue que j'ai eu l'honneur de rencontrer à deux reprises), il faut distinguer ce qui est du niveau de la musique, du pur divertissement ( avec tous le second degré dont le black n'est pas exempt), et ce qui relève en effet d'un danger potentiel, mais qui, le plus souvent, n'est jamais accessible directement dans les bacs - et fait même l'objet de pression économique et légale.
La France est vigilante, et l'annonce officielle lancée par les parlementaires de reconnaître les mouvements satanistes et d'engager une enquête pour estimer leur présence sur le territoire et le danger qu'ils représentent, témoigne en effet d'une reconnaissance de cette menace, bien réelle. Du reste, le metal ne tue pas encore, et l'on peut écouter du black sans être inquiété de dérive sataniste. Evidemment, il appartient à chacun de faire la part des choses et de laisser à la musique ce qui lui appartient, tout en n'oubliant pas de veiller au sens des textes véhiculés dans un genre qui n'est effectivement pas si accessible que ça, mais qui recèle des trésors d'ambiance et de virtuosité instrumentale.