je vous invite vraiment à le lire. sans aucune hostilité par principe aux polys (j'y suis même très favorable), les enjeux ne sont pas tout à fait de nous donner des notes de bas de pages complètes en complèment des cours, mais :
1 : de se passer d'enseignants
2 : de vider les facs
3 : de permettre à tous les étudiants qui travaillent de suivre des études, mais surtout de ne plus considérer les études comme une "activité", une "formation" qui nous occupe en semaine, puisque ce sera un impératif "soir et week end" dans la mesure où l'on ne pourra pas invoquer le fait de travailler pour expliquer les difficultés de certains à suivre les cours (pour remettre en cause les conditions étudiantes) : avec les polys "soir et week end", chacun pourra ET exercer une activité professionnelle ET passer des examens dans la nouvelle ère de l'insomniaque roi (les enseignants qui n'ont pas encore le C2i seront priés de se former la nuit et les week end, et oui, c'est la "formation tout au long de la vie"...)
Assises du numérique (29 mais - Université Paris Dauphine)
Discours de Valérie Pécresse, Ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche
Monsieur le Secrétaire d'Etat chargé de la Prospective, de l'Evaluation des politiques publiques et du développement de l'économie numérique,
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi d'abord de vous dire combien je suis heureuse d'être parmi vous aujourd'hui, à l'occasion de cette première journée des "Assises du numérique". Jamais en effet il n'a été plus nécessaire de réunir tous ceux qui font vivre les nouvelles technologies dans notre pays, pour réfléchir ensemble aux mille défis que la naissance d'une société numérique nous adresse et aux moyens de les relever.
Car c'est bien de cela dont il s'agit, Mesdames et Messieurs, de la naissance d'une nouvelle société, tout entière façonnée par l'émergence de technologies dont, il y a vingt ans à peine, nous n'aurions pas soupçonné l'existence, et qui aujourd'hui, transforment notre quotidien, en nous imposant une seule loi, celle du partage et de l'échange.
Notre époque a l'immense privilège de vivre une révolution, dont nous commençons à peine à saisir toues les conséquences. Partout, les habitudes changent, les réflexes les mieux établis se dissolvent devant la facilité avec laquelle nous accédons désormais à toutes les informations dont nous avons besoin à chaque instant.
Tout au long du mois qui vient, c'est ce que nous allons faire ensemble : sonder la profondeur des changements qui s'annoncent, pour mieux relever les défis qu'ils font naître. A mes yeux, il n'y a pas de plus belle tâche : se confronter à l'avenir, c'est déjà se donner les moyens de se contruire, et de le construire ensemble.
L'Université, qui prépare justement la France de demain, n'est pas encore complètement passé à l'ère du numérique. Je vois déjà poindre ici et là des initiatives particulièrement novatrices, comme à Lyon 2 où la carte d'étudiant "CUMUL" est réellement multiservice, de la gestion de la scolarité à l'accès aux salles informatiques en passant par la bibliothèque. Je pense aussi à l'expérience de Louis Pasteur à Strasbourg, à Toulouse, à Mulhouse, où les cours sont disponibles en podcast dès la sortie de l'amphithéâtre, ou encore à Grenoble 1 où les formations de médecine sont totalement numérisées, et remplacent le traditionnel cours magistral.
Mais ces initiatives doivent encore être largement multipliées. En effet, les jeunes qui rentrent aujourd'hui à l'université sont des "natifs du digital" ; ils baignent dans les technologies de l'information depuis leur plus jeune âge, et apprennent beaucoup mieux avec ces technologies qu'avec une méthode traditionnelle de formation. C'est le constat qu'a fait Henri ISAAC, adns le dernier rapport que je lui ai demandé sur l'Université numérique, et dont je voudrais ici noter la qualité des travaux.
Mais l'utilisation des technologies numériques à l'université n'est pas une fin en soi. En effet, elle doit être au service de la pédagogie, au service des étudiants. Je pense en particulier à l'accompagnement des étudiants qui a été mis en place en médecine à Grenoble grâce à la numérisation des cours, et à la suppression des enseignements en présentiel.
Et l'expérience est concluante : les premières évaluations montrent que, avec ces expériences, et contrairement aux formations traditionnelles, à niveau égal à la sortie du bac, un étudiant a la même probabilité de réussite, quelque soit le niveau socioprofessionnel de ses parents.
Ainsi, fortes de cette expérience, je souhaite que les universités se créent un véritable patrimoine de leur documentation numérique, avec des cours enregistrés, des documents numérisés, ou encore des "serious games", ces logiciels basés sur les technologies des jeux vidéos, et qui permettent d'apprendre, de s'entraîner ou encore de tester les compétences et les connaissances. Notre objectif se résume alors en une phrase : "100% des documents pédagogiques pour 100% des étudiants".
Ce patrimoins de l'université, source de richesse, est un réel investissement qui devra être protégé au risque d'un tarissement rapide. Les étudiants devront y être sensibilisés, alors que dans un monde où l'innovation est la base de tout compétitivité, la plus-value de l'intellectuel n'est pas dans la compilation, mais bien dans la production de nouvelles connaissances. A ce titre, les expériences de lutte anti-plagiat déjà mises en oeuvre dans certaines universités pourront être généralisées.
Par ailleurs, pour accompagner les enseignants-chercheurs pour créer des documents pédagogiques numériques, voire interactifs, nous devons accompagner encore les universités numériques thématiques, ces creuset d'innovation pédagogique, qui offrent à leurs utilisateurs des "briquent pédagogiques" qu'ils peuvent réutiliser pour leurs enseignements.
Pour rendre plus visibles ces universités numériques thématiques, nous allons créer un portail international qui permettra aux plus novices de s'initier à ces outils. Nous serons aussi attentifs à ce que ce portail, comme tous les outils au service des étudiants et enseignants, respecte les normes d'accessibilité. Car l'intérêt du numérique, c'est aussi de permettre à tous d'avord accès à la connaissance, aux jeunes qui ne peuvent suivre tous les cours parce qu'ils doivent travailler en parallèle pour subvenir à leurs besoins, ou encore aux handicapés pour lesquels l'université traditionnelle n'est pas toujours adaptée.
Le numérique permet aussi de relier les universités et les grandes écoles entre elles partout à travers le monde et de proposer des formations qui peuvent être mutualisées. Outre l'intérêt scientifique certain de ces collaborations, l'université numérique permet de rassembler les hommes autour de cultures communes, et je pense en particulier à la francophonie. 29 campus numériques francophones sont soutenus par l'Agence universitaire de la francophonie, et près de 50 diplômes de nos universités recouvrant tous les niveaux de formation sont proposés avec le soutient de cette agence.
La formation à distance est aussi particulièrement adapatée à la formation des maîtres, et la formation tout au long de la vie en général. Les universités, encore insuffisamment présentes sur ce champ concurrentiel, doivent y prendre toute leur part.
L'accès aux différentes ressources pédagogiques doit aussi être facilité ; il s'agit aussi bien des environnements numériques de travail qui seront disponibles dans toutes les régions d'ici la fin de l'année ou de l'opération "microportable étudiant" MIPE, qui est un vrai succès. Aussi, grâce à la mise en oeuvre du plan réussir en licence, tous les étudiants vont maîtriser les outils informatiques et disposeront du C2i à l'issue de leur formation.
Il nous faudra aussi renforcer l'équipement des locaux universitaires avec une couverture wifi de tous les bâtiments, et le déploiement des points-études.
Et je tiens ici à saluer le caractère particulièrement novateur, visionnaire et totalement inattendu du projet qui a été présenté par l'Université européenne de Bretagne dans le cadre de l'opération campus. Leur projet consiste notamment à relier en très haut débit l'ensemble des sites du pôle de recherche et d'enseignement supérieur qui s'étend de Rennes à Brest, Vannes, Lorient et Lannion, afin d'assurer des cours à distance, des réunions de travail virtuelles et des conférences de recherche sur Internet. C'est un véritable nouveau modèle d'université qui est en train de naître, que je soutiendrai, et dont chacun peut s'inspirer.
Aujourd'hui, ce sont déjà six projets de rénovation et de construction de bâtiments universitaires qui ont été retenus dans le cadre de l'opération campus. Avec les autres projets qui seront retenus le mois prochain, ce seront alors dix campus universitaires qui seront rénovés et dynamisés avec un investissement de 5 milliards d'euros, conformément au souhait du Président de la République.
J'ai demandé aux lauréats, de prévoir que tous les bâtiments qui seront construits ou rénovés soient totalement équipés en très haut débit, et en technologie sans fil. Le numérique devra aussi être totalement intégré à leurs projets scientifiques et pédagogiques.
Le numérique...