je confesse avoir un inconscient quelque peu tordu et vous avez le droit de me détester pour ce que j'ai écrit.
enfin j'assume et aimerais vous faire partager mon expérience pour le moins... singulière.
Enfin pourquoi ne pas s'avouer ? Pourquoi la vie ne serait-elle pas telle qu'elle apparaît finalement à tous les terribles mystères de la nuit ? Et qui peut prétendre encore qu'elle ne l'est pas ? Comment ne pas réaliser ses bruits, ses cris, ses nuées ? Un désert de vers de terre dont les tortues sont toujours cabossées, dont les lucioles se fânent et les termites se grillent. Etrange clarté que sont en fait les ténèbres. Pourquoi ne pas les observer et embrasser en nous la folie latante ? Quel peut bien être encore que cette étrange abeille qui tournoie au sommet de l'éclair ? Se peut-il qu'elle soit elle aussi tourmentée par le vide et l'inexistence ? Un cri s'éveille et c'est toute la terre qui tremble, des pierres qui se fissurent, des chevaux dont la bride a été mordu. Non, il se peut que non, que tout ceci soit un rêve -cauchemard trop réel d'une humanité sur le réveil. Tout est dans le vol, l'arrachement, la violence tant et si bien que nul ne se reconnaît ; tout se perd et se déchire à grands coups d'éclat de chaînes qu'on délivre. As-tu peur ? As-tu conscience que la lune va bientôt se décrocher ? Petit être à la gorge cassé, la langue arraché : tu ne parles plus, en es-tu pourtant privé de langage ? Hurle ce que les mots ne sauraient dire ! Expie ton sort de tes larmes et non ne t'y noie pas ! Nage et retrouve la surface. Reviens sur la berge que tu as quitté, conduis-y d'autres fins que celles qui t'y ont arraché. Mené dans un puits sans eau ? Non, dans un puits que tu as rempli de ta propre eau. Desséché, déshydraté, tu ne peux plus ? Bois donc ce qu'ont vomi tes entrailles, récupère ce qui est à toi et fais tienne cette terre que tu as renié. Assume sans consummer. Vis au lieu de brûler tes chairs et t'approcher toujours plus de l'amer. Enfant -fils ou fille, qu'importe puisque les sexes n'existent plus- retrouve l'amour sans le vice. Retrouve la pureté dans ta pisse. Ne sois pas si sûr de ton fardeau, sois plutôt au courant que tu peux le décharger, l'aimer -haïr et faiblir, voilà ce que t'auront apporté tes cris. Mais ris maintenant, contemple la poussière de cendres innombrables, de destins fatigués qui nagent dans le souffre, creusent le gouffre de ton apathie. Amuse-toi de leur stupidité et par-dessus tout prend-les en amitié. Ils sont tes semblables ces gens qui se trainent dans la boue, de leur rédemption cherchent les clous. Non, ne les suit pas : guide-les au contraire. Montre leur que tout n'est pas que mélasse -tracasse- la crasse se lave, la vie aussi se boit. On l'avale et on ne la recrache pas, mais on l'insuffle sans la garder pour soi. On s'éveille et on crève ; oui mais on rêve et on vit de ce rêve. On se lève au lieu de se trainer. On regarde le ciel et non plus les fers de notre bêtise. Et voilà qu'on devient humain. Nul main et pourtant moins animal que ces barbares. Vient petit insecte exprimer la colère du peuple qui réchappe de l'ivresse détresse !